post — 29 Marzo 2024 at 23:59

Lione-Torino: lo Stato condannato per i suoi divieti amministrativi

Di Camille Polloni da mediapart

A metà giugno 2023, il Ministero dell’Interno ha emesso 107 “divieti amministrativi” nei confronti di attivisti stranieri che sarebbero venuti a manifestare in Francia. Martedì, il Tribunale amministrativo di Parigi ha emesso le prime quattro sentenze, condannando lo Stato.

In vista di un fine settimana di manifestazioni contro il tunnel ferroviario Lione-Torino, che si sarebbe tenuta nella valle della Maurienne a metà giugno 2023, il Ministero dell’Interno emise centosette “divieti amministrativi territoriali” (IAT) nei confronti di attivisti stranieri che riteneva potessero partecipare.

Come segno dei tempi, l’iniziativa ministeriale fu rivelata da CNews. Contemporaneamente, il prefetto della Savoia emise diverse ordinanze per impedire lo svolgimento delle manifestazioni previste.

Qualche settimana dopo, trentadue “persone non ammissibili” si sono rivolte ai tribunali amministrativi di Parigi (ventotto di loro) e di Grenoble (altri quattro), chiedendo di annullare le decisioni ministeriali e di rimediare alle conseguenze.

Come riporta Mediapart, uno di loro, uno studente francese erroneamente presentato come italiano, era stato addirittura espulso dall’altra parte della frontiera insieme ai suoi compagni.

Martedì 26 marzo 2024, il Tribunale amministrativo di Parigi ha emesso le prime quattro sentenze contro il governo francese. Le sentenze hanno annullato gli IAT e i respingimenti emessi nei confronti di due donne di 69 e 78 anni e di due uomini di 26 e 72 anni, tutti di nazionalità italiana. Lo Stato dovrà versare a ciascuno di loro 500 euro di risarcimento per i danni subiti e 1.500 euro per le spese legali. Contattato da Mediapart, l’ufficio di Gérald Darmanin non ha voluto commentare.

Nelle sue quattro sentenze, che Mediapart ha potuto consultare, il Tribunale amministrativo di Parigi ha ritenuto che gli “elementi generali” presentati dal Ministero dell’Interno “non sono di natura tale da rivelare da soli l’esistenza, nel comportamento personale” dei ricorrenti, “di una minaccia reale, attuale e sufficientemente grave a un interesse fondamentale della società” per quanto riguarda “l’ordine pubblico o la sicurezza”.

Una legge pensata per combattere i jihadisti.

Identici per ogni persona, tranne che per il nome e la data di nascita, i divieti emessi dal Ministero dell’Interno sembravano essere stati redatti in fretta e furia e a volte contenevano errori di copia e incolla. Gli avvocati dei ricorrenti, Alexis Baudelin, Anna Blanchot, Fayçal Kalaf e Alexandre Maestlé, hanno criticato le decisioni amministrative “stereotipate”, motivate unicamente dalle “opinioni” dei loro clienti, accusati di volersi “unire a un gruppo con l’obiettivo di fomentare azioni violente”, senza alcun “elemento fattuale personalizzato”.

I loro ricorsi si sono concentrati sulla violazione delle libertà fondamentali di riunione, opinione, espressione, dimostrazione e movimento. Hanno anche denunciato un “incomprensibile” abuso di procedura: gli IAT, creati da una legge antiterrorismo del 13 novembre 2014, erano inizialmente destinati a impedire l’ingresso in Francia di jihadisti stranieri che volevano commettere attentati.

Lontano dallo jihadismo, gli IAT rivolti ai “No TAV” facevano esplicito riferimento ai Soulèvements de la Terre – che il governo voleva sciogliere all’epoca – presentati come un collettivo “noto per considerare la violenza una necessità”, e alla manifestazione che si era svolta poche settimane prima a Sainte-Soline.

All’udienza del 12 marzo 2024 davanti al Tribunale amministrativo di Parigi, quattro associazioni sono intervenute volontariamente a sostegno dei ricorrenti: Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), Ligue des droits de l’homme e Syndicat des avocats de France.

Il Ministero dell’Interno non era presente né rappresentato. Sebbene abbia fornito alla corte diversi documenti per convincerla della fondatezza delle sue decisioni, tra cui una nota bianca (*) sulle Rivolte della Terra, nessuno di questi ha fornito ulteriori informazioni su ciò di cui ciascuno dei ricorrenti potrebbe essere accusato. (*) Un breve promemoria, di solito di una pagina, non firmato, solitamente di un servizio di intelligence, scritto all’attenzione di alti funzionari governativi o amministrativi.

Nei prossimi mesi sono attese altre ventotto sentenze. Il caso è stato anche deferito all’Ombudsman francese per i diritti umani.

 


 

Mi-juin 2023, le ministère de l’intérieur avait pris 107 « interdictions administratives de territoire » contre des militants étrangers susceptibles de venir manifester en France. Mardi, le tribunal administratif de Paris a rendu ses quatre premières décisions, qui condamnent l’État.

E n amont d’un week-end de mobilisation contre le tunnel ferroviaire Lyon-Turin, organisé dans la vallée

de la Maurienne mi-juin 2023, le ministère de l’intérieur avait pris cent sept « interdictions administratives de territoire » (IAT) contre des militants étrangers qu’il jugeait susceptibles de s’y rendre.

Signe des temps, l’initiative ministérielle avait été révélée par CNews. En parallèle, le préfet de Savoie avait pris plusieurs arrêtés pour empêcher la tenue des événements prévus.

Quelques semaines plus tard, trente-deux « interdits de territoire » avaient saisi les tribunaux administratifs de Paris (pour vingt-huit d’entre eux) et de Grenoble (pour quatre autres), à qui ils demandaient d’annuler les décisions ministérielles et de réparer leurs conséquences. Parmi eux, comme l’avait raconté Mediapart, un étudiant français présenté à tort comme italien avait même été reconduit de l’autre côté de la frontière avec ses camarades.

Mardi 26 mars, le tribunal administratif de Paris a rendu quatre premières décisions qui condamnent l’État. Ces jugements annulent les IAT et les refus d’entrée visant deux femmes âgées de 69 et 78 ans et deux hommes de 26 et 72 ans, tous de nationalité italienne. L’État doit verser à chacun·e 500 euros en réparation de son préjudice et 1 500 euros pour ses frais de justice. Sollicité par Mediapart, le cabinet de Gérald Darmanin n’a pas souhaité réagir.

Dans ses quatre décisions, que Mediapart a pu consulter, le tribunal administratif de Paris retient que les « éléments de portée générale » avancés par le ministère de l’intérieur
« ne sont pas de nature à révéler par eux-mêmes l’existence, dans le comportement personnel » des requérants, « d’une menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société » au regard « de l’ordre ou de la sécurité publics ».

Une loi faite contre les djihadistes

Identiques pour chaque personne à l’exception du nom et de la date de naissance, les interdictions prises par le ministère de l’intérieur semblaient rédigées dans la précipitation et comportaient parfois des erreurs de copier-coller. Les avocats des requérants, Alexis Baudelin, Anna Blanchot, Fayçal Kalaf et Alexandre Maestlé, dénonçaient des décisions administratives « stéréotypées », uniquement motivées par « les opinions » de leurs clients, qui se voyaient reprocher de vouloir « intégrer un groupe ayant vocation à fomenter une action violente », sans « aucun élément factuel » personnalisé.

Leurs recours insistaient sur la violation des libertés fondamentales de réunion, d’opinion, d’expression, de manifestation et de circulation. Ils dénonçaient aussi un « incompréhensible » détournement de procédure : les IAT, créées par une loi antiterroriste du 13 novembre 2014, visaient initialement à empêcher l’entrée en France de djihadistes étrangers qui voudraient y commettre des attentats.

Loin du djihadisme, les IAT visant les « No TAV » faisaient explicitement référence aux Soulèvements de la Terre – que le gouvernement voulait alors dissoudre – présentés comme un collectif « connu pour considérer la violence comme une nécessité », et à la manifestation survenue quelques semaines plus tôt à Sainte-Soline.

À l’audience devant le tribunal administratif de Paris, qui s’est tenue le 12 mars, quatre associations sont intervenues volontairement au soutien des requérants : Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), la Ligue des droits de l’homme et le Syndicat des avocats de France.

Le ministère de l’intérieur, quant à lui, n’était ni présent ni représenté. S’il avait fourni diverses pièces au tribunal pour le convaincre du bien-fondé de ses décisions, notamment une note blanche sur les Soulèvements de la Terre, aucune n’apportait d’informations supplémentaires sur ce qui pourrait être reproché à chacun des requérants. Vingt-huit autres jugements sont attendus dans les mois à venir. Le Défenseur des droits a également été saisi.